lundi 7 décembre 2015

Tome I (extrait)

 


 
[...] Subitement, un froissement de feuilles perça le silence. Une bête ressemblant à un poney sortit du sous-bois et tomba face contre terre. Péniblement, l’animal se releva sur ses pattes en tentant de garder son équilibre. Il n’avait pas l’air dangereux. Intriguée, Isory s’en approcha doucement. L’animal semblait plus curieux qu’effrayé. Il étira le cou pour sentir la cape d’Isory. Celle-ci renifla aussitôt une odeur faisant étrangement penser à de l’alcool. Elle remarqua aussi les yeux du poney qui n’arrêtaient pas de bouger. D’un geste énergique, elle tenta de chasser la puanteur tout en faisant la morale au cheval.
       Beurk ! Ouache ! Tu sens mauvais. On ne t’a jamais dit que c’est impoli de souffler au visage des gens ?
Au même instant, l’animal s’écroula par terre. Spontanément, Isory s’accroupit près de lui et posa l’oreille sur son ventre. Il était bien vivant.
       Il a l’air soûl ! Comme c’est bizarre !
Elle entendit alors un nouveau froissement des feuilles, suivi de craquements secs, comme si on cassait des branches. Elle se doutait bien qu’un autre spécimen allait faire son apparition. Et comme de fait, un deuxième poney sortit du sousbois en titubant lui aussi. En le voyant, elle se mit à ricaner.
C’est alors qu’un oiseau gigantesque avec une tête d’aigle surgit derrière lui et l’attaqua. En quelques secondes à peine, il égorgea le petit cheval avec son bec coupant. Ensuite, il l’empoigna avec ses immenses serres et, d’un coup de bec, transperça la chair chaude de sa victime pour assouvir sa faim. Isory était glacée d’horreur. Rester là n’était pas une option, car elle savait bien qu’elle servirait de dessert lorsque l’oiseau de proie aurait terminé avec le poney. Mais sa peur était telle qu’elle arrivait à peine à respirer, et encore moins à bouger. Elle se parla pour tenter de se ressaisir :
       Passe à l’action, Isory. Allez ! Fais preuve de courage.
Elle essayait de garder son calme, mais elle frémissait. Finalement, elle réussit à se mouvoir. Sans quitter des yeux le monstre à deux pattes, elle s’éloigna tranquillement sur la pointe de ses bottes à tuyau. Par malheur, elle trébucha sur une racine d’arbre qui traversait le sentier et tomba brusquement. Elle avait l’impression de se retrouver dans un film d’horreur. L’oiseau arrêta sur-le-champ son carnage et leva la tête. Il était couvert de sang. Il fixa Isory un certain temps, puis gonfla ses plumes et ouvrit son bec pour pousser un cri à faire glacer le sang dans les veines. Isory se releva promptement et se mit à courir de toutes ses forces. À son grand malheur, ses mouvements éveillèrent l’instinct du prédateur qui la prit en chasse, courant derrière elle. Le sol tremblait de plus en plus sous les pieds d’Isory qui sentait la bête se rapprocher rapidement. Elle tourna la tête et aperçut l’oiseau qui s’apprêtait à l’attaquer.
       AAAAAAAAAAAAH !
Isory posa son regard sur une branche d’un arbre immense qui se trouvait à quelques pas devant elle et, sans comprendre d’où venait la voix qui lui parlait, elle commanda à son corps d’exécuter ses ordres. Elle sentit alors une force soudaine pousser son corps vers l’avant et l’emporter dans les airs. Criant sans retenue, elle continua de courir dans le vide. Son élan la précipita contre les branches de l’arbre, d’où elle retomba lourdement sur le sol. Étourdie, Isory voyait les arbres bouger autour d’elle. Elle secoua la tête afin de reprendre ses esprits. L’oiseau s’approcha et se transforma instantanément en gnome. Bouche bée et encore un peu étourdie, elle observa le petit bonhomme, qui lui adressa la parole [...].
 

 

 

 


 

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